Moi perso, s'il n'y avait pas la danse dans ma vie, j'aurais jeté l'éponge il y a longtemps. Parce qu'à l'intérieur de moi, il y a, entre autre, un putain de tyran, une espèce de sadique en cuir noir qui me fait bosser comme une dingue, sans relâche, sur tout, tout le temps. Qui voudrait toujours plus, toujours mieux, et qui se tient dans l'ombre avec un fouet pour les jours où ça ne va pas : histoire d'en rajouter une couche, des fois qu'elles ne suffiraient pas, les leçons de ladite vie.
J'ai souvent entendu dire "la danse c'est la vie". Permettez moi cette proposition : et si la danse c'était la vie en mieux ?
Une vie où on pourrait aimer sans craindre, où on pourrait exprimer vraiment, où on pourrait voyager dans le temps et dans l'espace, savoir en temps réel, et pas trois semaines plus tard, ce qui nous traverse, avoir conscience que ça ne fait que nous traverser d'ailleurs, le mauvais comme le bon, et savoir comment le mettre en mouvement, pour que ça ne stagne pas. Une vie où la douceur s'inviterait chaque fois qu'elle est nécessaire, où on pourrait prendre le risque de se tromper sans avoir peur des représailles, à l'intérieur, à l'extérieur. Donner et être le meilleur de soi même en somme. Et s'améliorer, oui, mais dans le plaisir. Accélérer, ralentir, changer de direction, respirer. Savoir de mieux en mieux marier notre corps à notre âme. Et que ce mariage soit une immense fête. Pleine de musique, de loupiottes, de bonne bouffe, de sourires et d'embrassades.
J'aurais jeté l'éponge il y a bien longtemps, mais je ne l'ai pas fait, parce que si la danse n'est pas tout à fait la vie, la frontière entre les deux, elle, est bien poreuse. Et c'est dans la danse qu'en exploratrice, je vais chercher les ressources nécessaires à la vie. C'est de la danse que je rapporte mon intense sentiment de liberté, ma capacité à être à l'écoute de mon corps, à sentir l'autre, à être dure quand il le faut, et douce quand c'est nécessaire. A accepter quand je n'y arrive pas, aussi.
Et à vivre la vie comme une fête, le plus souvent possible.
Alors, on danse ?
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