La semaine dernière, la sentence est tombée. La salle où je donne habituellement mon atelier de danse à Paris impose à présent le masque pour danser. Oui oui, vous avez bien lu. Danser.
Vous savez le truc où je répète 400 fois par atelier "respirez!".
Après avoir pleuré, ragé, désespéré, j'ai tout mis en place pour faire cet atelier quand même, car la stakhanoviste de la danse en moi ne voulait pas lâcher. Jusqu'à ce que je me rende compte que la sensation désagréable dans mon sternum, c'était mon cœur qui me disait que ce n'était pas juste, ni pour moi, ni pour les danseurs, ni pour ce lieu menacé de fermeture en cas de contrôle zélé.
J'ai finalement décidé d'annuler mon atelier.
Car on ne me fera pas croire que danser 3 heures avec un masque est une bonne idée. Que ce soit possible, je n'en doute pas, tout est possible, on s'habitue à tout! Mais personnellement, il y a toujours eu des choses dans la vie auxquelles j'ai refusé de m'habituer, qui m'ont poussée à chercher ailleurs, autrement, mieux, en d'autres termes, à évoluer... Et celle là en fait partie. Je refuse de m'habituer.
Porter un masque pour faire mes courses, ou prendre le train, pourquoi pas... Mais le masque pour danser n'est pas une contrainte créative, c'est une contrainte liberticide, contraire à la santé mentale, physique et sociale, totalement à l'opposé de ma conception de la créativité, et contraire à mon éthique.
Et croyez le ou non, danser n'est pas un luxe, ni un truc qu'on peut supprimer de la vie des gens pour s'assurer qu'une maladie ne circule pas. Il y a des gens, et j'en fais partie, pour qui danser est vital. On dansait déjà dans les cavernes, si c'était juste un phénomène de mode, ça se saurait...
Au final, j'ai cherché une autre salle, et trouvé d'autres dates : elle est plus petite, je divise encore le nombre de places qui a déjà diminué depuis le début de cette histoire. Mais tout l'or du monde ne vaut pas la liberté de s'exprimer. A mon sens. Ni la liberté de respirer.
Alors, on danse?
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