Il pleut. Mes essuie-glaces sont en panne. Je réalise que les essuie-glaces, c'est vital. Je n’y vois rien... Je pense à toutes ces années où ils ont fonctionné comme sur des roulettes et où je ne les ai pas remerciés comme il se doit, toutes ces années où je n'ai pas fait la danse des essuie-glaces, alors qu'ils m'ont tant de fois sauvé la vie! Ma vie tient à des essuie-glaces... Note pour plus tard : prier pour eux, danser pour eux.
Souvent, l'idée de retirer mes douze pulls, mes chaussettes en laine, mon écharpe, de me mettre pieds nus à danser comme s'il faisait 32°C et que j'étais à Playa Ventura (Mexique), alors qu'il fait froid, qu'il pleut et que je suis fatiguée, me paraît à peu près aussi inenvisageable que d'aller à la piscine quand il fait 2°C, de faire du vélo par -5°C à 7h du mat', ou encore de marcher des dizaines de kilomètres avec 10kg sur le dos pour dormir sous une toile au milieu de nulle part...
Alors pourquoi diable est-ce que je fais tout ça?
Et surtout pourquoi j'aime ça?
Et si c'était pour sentir mes muscles, mon cœur qui bat et fait couler mon sang dans mes veines ? Sentir que quand j'ai chaud, je transpire pour réguler, sentir que ça marche… Pas tout hein, y a des trucs qui déconnent... Mais y a quand même plein de trucs qui marchent.
Et si danser était une prière pour mes essuie-glaces intérieurs, un changement de point de vue sur tout ce qui semble évident tant que ça fonctionne : une manière de connaître, reconnaître et honorer ce qui marche, et d'entretenir la machine, MAIS en écoutant du bon gros son ?
Alors, on danse ?