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Faut-il suer pour gagner sa liberté? Pédale ma poule!


Quand on débarque dans un cours de danse libre, il y a plusieurs options :

a) "Ces gens sont fous" en est une : ceux là en général on ne les revoit jamais ou pas avant une bonne dizaine d'années, le temps d'user la normalité jusqu'à la corde.

b) "Ces gens ont de la chance : pour eux c'est facile de se sentir libre de faire ce qu'ils veulent" : tout aussi faux.

c) "Ah! je suis comme un poisson dans l'eau et ça va durer comme ça jusqu'à la fin des temps!" Heu, c'est sans compter sur :

1 ) la fatigue de l'automne et/ou

2 ) les rutpures ou les couples qui durent trop et/ou

3 ) un boulot barbant ou passionnant mais qui prend beaucoup trop de temps et/ou

4 ) la belle mère qui viellit et qu'on s'épuise à ne pas laisser sur le carreau et/ou

5 ) les amis pour lesquels on se fait du souci et/ou

6 ) cette petite douleur exquise au genou et/ou

7 ) la déprime qui sort d'on ne sait où et/ou

8 ) la flemme, la honte, la honte d'avoir la flemme... et/ou

9 ) le manque de sous et/ou

10) je vous laisse un peu de place pour décider...

Alors oui, c'est l'automne, mais non je vais pas vous faire croire qu'on va danser comme des feuilles dans le vent! En tout cas pas tout de suite. Surtout si vous avez la crève. La bonne nouvelle, c'est que ça peut arriver. A force de pratiquer. Et même avec la crève. A force de pédaler. Parce que faut pas se mentir, c'est dur la liberté : ça demande de la discipline, de l'engagement, du courage, surtout dans les côtes. Ca demande de se rappeler de revenir à son corps quand le cerveau nous raconte des histoires. Ca demande de demander à son cerveau de nous ramener dans le souffle, quand il est coupé par la peur. Ca demande de demander à son cerveau de demander à ses pieds de nous emmener dans le mouvement, quand on croit qu'on n'a plus la force. Ca demande d'apprendre à compter sur les autres quand le sol semble se dérober sous nos pieds.

Cette semaine c'est la dernière séance d'Emilien, mon petit cousin et ami, un danseur engagé qui est venu dès mon premier atelier et n'en a pas loupé cinq depuis, qui a soutenu mes débuts en faisant l'accueil de mes groupes, qui a passé la serpillière avant de danser, qui m'a fait du feed-back et qui m'a portée les jours où j'en avais besoin, qui est venu fatigué, après des journées de boulot et des heures d'embouteillages, pour libérer son corps, explorer la relation, kiffer le dancefloor...

Et pourquoi la dernière séance (je vous épargne Eddie Mitchell, promis)? Ben parce qu'il a des ailes maintenant, c'est le jargon new age pour dire des roues en vrai : il part faire le tour du monde en tandem avec sa chérie. Autant vous dire qu'il va suer, que ce sera chaud dans les montées, qu'il va souper de l'engagement, mais que, en roue libre à travers la beauté du monde, il pourra aussi savourer la fierté, que dis-je la joie, le bonheur, l'extase d'être un homme qui choisit la liberté. Pédale ma poule!

Alors, on danse?

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