Je suis pour le moment parasitée dans mon écriture par les propos d'un documentaire super intéressant que j'ai regardé sur Arte : aujourd'hui je ne vous écris pas pour vous dire que la danse a changé ma vie en conte de fée et fait de moi la maitresse de mon existence. Parce que c'est en partie vrai, mais pas uniquement, et que je n'ai pas envie de faire partie de ces marchands de bonheur qui pullulent dans cet univers dans lequel j’évolue mais dans lequel je ne me suis jamais retrouvée, l’univers du développement personnel.
Car non, la danse ne résoudra pas tous nos problèmes. Ni aucune méthode de développement personnel d'ailleurs. Parce qu'il y a tout ce sur quoi nous avons prise, certes : tout ce qu'on peut faire évoluer, par le travail sur nous, par le mouvement, et la capacité que nous avons à apprendre à nous défaire des vieux schémas et à tracer notre route. Il y a tout ça, oui, mais il y a le reste, aussi.
Il y a aussi tout ce qui nous échappe, tout ce qu'on ne maitrise pas : ce qui est dans nos lignées ancestrales, ce qui appartient au voisin, au mystère, mais aussi ce qui découle de certains ancrages de société, de certains de nos traumatismes profonds et insupportables, de certaines situations de vie qui font qu'à un moment de l'histoire, ou sur un point précis de l'existence, c'est trop difficile. Et qu'on n'a pas de prise.
J'écris aujourd'hui pour rendre une place honorable à tous les moments, plus ou moins longs d'une existence, où la solution miracle ne sort pas du chapeau. Ces zones, plus ou moins étendues de nos vies, où malgré tout le travail fourni, malgré tout l'argent dépensé, il reste un sentiment d'impuissance. Une réalité d'impuissance. Qui sera peut-être toujours là, et avec laquelle il va falloir apprendre à vivre.
Et si c'était aussi ça la danse : sentir une forme de puissance d'un côté, et d’impuissance de l’autre. Sentir ce qui fait que mon incarnation a une marge d'évolution, oui, mais aussi des zones de difficulté profonde, inguérissables, et que je n'en suis pas forcément, pas entièrement, ou parfois même pas du tout responsable.
Donc non, la danse ne résoudra pas tous nos problèmes, et ne réalisera pas tous nos rêves. En revanche elle créera sans doute, de précieuses parenthèses « d’ici et maintenant », des instants d’incarnation et de connexion pure, des bulles de bonheur et de plénitude, autant de moments que certains passent des milliers de kilomètres et des années à chercher, dans des ashrams du bout du monde ou des séminaires à 5000 dollars. Et c’est déjà énorme, non ?
Alors, on danse ?
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