On nous parle de 20 ans, le plus bel âge, on nous parle de 30, l'âge où les choses se concrétisent, mais on laisse planer une sorte de flou artistique sur les 40. On entretient même une vague menace de la quarantaine, avec la fameuse crise dont tout le monde serait potentiellement victime. 40 ans, c'est chaud...!
J'avoue que depuis un petit moment, l'idée que mon âge rattrape ma pointure, était de plus en plus inconfortable... Probablement à cause de la croyance qui hurlait à l'intérieur de moi qu'avoir 40 ans, c'était franchir la ligne du début de la fin.
Et en fait pour mes 40 ans, j'ai eu l'impression d'assister à mon enterrement, en même temps qu'à ma naissance, mon baptême, ma communion, mon mariage, la fin d'un deuil, la fin d'un carême... j'en oublie surement. Le kif de la quarantaine a balayé la crise de la quarantaine.
J'ai embrassé la sensation que mon corps connaissait enfin les pas, savait quand reprendre son souffle, quand ralentir, quand accélérer, quand occuper l'espace, quand se faire tout petit, et surtout qu’il était avec le temps, devenu un contenant suffisamment grand pour recevoir l'amour. Et que la danse y était pour beaucoup, que je pouvais la remercier pour l'apprentissage du respect de mes rythmes, de mes forces, de mes faiblesses, de mes relations, de ma relation à moi-même, de ma lumière et mon obscurité, de mes limites.
Combien de fois me suis-je mariée sur le dancefloor? Combien de fois suis-je morte et ressuscitée? Combien d'étapes ai-je traversées? Combien de vies ai-je incarnées? Combien de règnes ai-je visités? Je suis à l'âge où l'on ne compte plus...
Et si la danse, en recréant les ponts entre les différentes dimensions de notre être, nous permettait de fabriquer le sens de nos existences? Nous permettait de naviguer avec le courant, danser avec le flot, prendre ce qui est bon, lâcher ce qui ne l'est plus, nous autoriser à grandir, et vieillir en beauté ?
Alors, on danse?