L'âme : ça fait partie des mots que j'ai du mal à prononcer tellement j'ai peur de les écorcher ou de passer pour un gourou... C'est peut être pour ça que la Vie, avec son sens tout particulier de l'apprentissage, m'a entre autre, privée quelques temps des nourritures de mon âme. Histoire que, en l'affamant, je comprenne un petit peu mieux ce que c'est. Une sorte de famine de l'âme: une fâmine. J'ai continué à manger, dormir, payer mes factures, avoir une vie sociale et professionnelle. Mais c'était comme désarticulé.
Alors, comme si j'avais dessiné mon âme au pochoir, j'ai commencé à en voir les contours plus clairement. Et si l'âme était une enveloppe qui permettait à toutes les parties de moi et de mon quotidien, de s'articuler avec fluidité entre elles, qui créait du lien à l'intérieur et à l'extérieur et qui au-delà de donner un sens à mon existence, lui donnait une sorte d'évidence?
Et si l'âme n'était pas un truc abstrait qui flotte dans les airs mais une membrane ultra sensible qui avait sa place dans et autour de mon corps? Et si cette membrane ultra sensible était capable de faire vibrer tout mon être d'une vibration qui ne s'emballe pas, mais calme, apaise, parce qu'elle relie au lieu de séparer? Et si l'âme était vivante, qu'il fallait en prendre soin, la nourrir, l'arroser, pour qu'elle ne s'étiole pas, comme on prend soin de notre peau, de nos muscles? Et si nous connecter à notre âme nous ancrait dans la matière? Et si l'âme était cette partie de nous qui nous sait vivants, connectés, et mortels?
Alors ça expliquerait un peu pourquoi méditer dans la forêt, marcher pieds nus dans l'herbe, regarder danser la flamme d'une bougie, écouter une symphonie, voir la lumière briller dans des gouttes de rosée, sentir un bébé dormir dans nos bras, danser, chanter, peindre, faire l'amour, se baigner dans l'océan, est si bon.
Alors, on danse?