Dans une tentative désespérée de réussir le Rubik's cube pour mon filleul, qui est d'une génération où on ne se dit pas que ce truc est infaisable, je suis allée sur internet chercher une vidéo explicative qui me rendrait capable de terminer ce casse-tête (et par la même occasion gagner l'estime éternelle de l'enfant, ainsi que la joie de le voir sauter dans tous les sens, le jour où ce p..... de casse-tête sera ENFIN terminé: le Rubik's cube et moi, c'est une vieille histoire, vous l'aurez compris).
Et j'ai trouvé! Aujourd'hui c'est génial, y a des vidéos pour tout: faire ses propres makis, apprendre à tricoter, parler japonais, faire de la permaculture, suivre l'enseignement d'un grand maître, construire une maison, réussir le Rubik's cube.
En revanche, bon ben, c'est pas gagné hein. Il faut encore une bonne dose de dévotion à la cause pour réussir à faire passer les algorithmes de la logique de ma tête à celle de mes mains: prendre la chose dans le bon sens, tourner la bonne ligne dans la bonne direction au bon moment. Ça demande tellement d'attention que la quasi totalité de mon corps se fige pour que toute l'énergie disponible se dirige vers mon cerveau. Ne me reste que le minimum nécessaire à survivre et à bouger mes mains. Je pense qu'il me faudra une bonne séance d'ostéopathie quand j'aurai fini.
C'est sans doute toute la différence entre comprendre et réaliser. Du coup j'attends encore un peu avant de construire ma propre maison...
Je suis souvent surprise de constater la dévotion et le temps qu'il faut pour reconstruire les ponts tombés entre le cerveau et le corps, entre ce que l'on comprend avec la tête et ce que sait le corps, quelque part dans les cellules, comme oublié, endormi.
Et si la danse secouait les cellules jusqu'à ce qu'elles exhalent leur savoir qui, telles des bulles de champagne, remonterait à la surface et, au point de rencontre avec le savoir cérébral, se transformerait en sagesse? La sagesse serait-elle une intelligence physique qui incarne le savoir?
Alors, on danse?